02 Avr 🎭 Rondò Veneziano : 10 ans de vinyles PopClassik 🎻
Avec leurs pochettes cyber-baroques et leurs morceaux futuro-hybrides, Rondò Veneziano a visité le futur de Venise. Longtemps omniprésent dans le paysage musical PopClassik des eighties et des nineties, l’ensemble continue d’œuvrer aux côtés de son créateur Gian Piero Reverberi. Installez-vous dès à présent dans la plus belle gondole de la lagune pour un voyage décennal dans la longue discographie de Rondò Veneziano, période Baby Records (1981-1991).
En 2017, les chiffres parlaient d’eux-mêmes : Rondò Veneziano comptabilise 30 millions d’albums vendus à travers le monde, et 15 disques d’or. En Europe, c’est 11 disques de platine au compteur. Jolie performance pour un ensemble misant sur un sacré pari musical : celui de fusionner la musique baroque avec la musique moderne.
À la barre de ce vaisseau, un certain Gian Piero Reverberi qui débute sa carrière à la fin des années 50 comme arrangeur pour plusieurs artistes génois. Tout doucement, il se fait une place dans le monde musical et, durant les vingt années qui suivent, est crédité auprès de plusieurs artistes italiens populaires.
Tous les enregistrements de Rondò Veneziano (excepté ceux issus de la collection « The Genius Of (…) » et « Concerto Per (…) », mais aussi les albums « Sinfonia Di Natale » ou encore « La Storia Del Classico ») sont des compositions originales nées de l’incroyable esprit de Gian Piero Reverberi – même s’il se verra aidé par d’autres confrères comme Laura Giordano (entre 1981 et 1987), puis de Ivano Pavesi (à partir de 1988) ou encore de Dario Farina, Franco Fochesato ou Giuseppe Zuppone.
Mais Gian Piero ne serait peut-être pas dirigé vers la PopClassik si Freddy Naggiar (le patron de Baby Records) ne l’avait pas mis sur une piste : à la fin des années 70 – alors que l’Italo Disco est très en vogue – Freddy pointe un manque crucial de morceaux instrumentaux italiens au sein du paysage musical international, et en fait part à Gian Piero qui va ainsi s’atteler à produire ce que deviendra Rondò Veneziano ; au départ, ce n’est qu’un modeste orchestre de chambre de 7 étudiants de conservatoire, mais la création de Gian Piero va aller beaucoup plus loin. Ce sera d’ailleurs la réponse du maestro envers une musique italienne alors jugée trop populaire. Le projet de Rondò va rendre celle-ci plus élégante et, surtout, plus accessible.
Bien entendu, le premier atout du projet Rondò Veneziano est d’habilement mélanger les genres. Les premiers albums s’inspirent directement de la musique baroque vénitienne (Antonio Vivaldi, Benedetto Marcello, Baldassare Galuppi, Tomaso Albinoni,…) tout en la croisant avec un peu de romantisme et de folklore italien. Les albums suivants conserveront cette symbiose et se pareront de sonorités plus classiques et d’une pointe d’impressionnisme. Ajoutez à cela une ligne rythmique composée d’une basse, d’une batterie et de quelques arpèges électroniques, et vous obtenez une recette gagnante ! Si l’on cherche bien, un certain Vladimir Cosma en serait un peu le précurseur ; il vous suffit d’écouter le thème d’ouverture du film « L’Aile Ou La Cuisse » parue en 1976 pour vous en convaincre.
Et si ce côté hybride est déjà à lui seul un tour de force, c’est aussi le soin apporté aux pochettes qu’il faut saluer. Tout au long de la discographie de l’ensemble, vous êtes invités à voyager dans un univers cyber-baroque, mélangeant vaisseaux spatiaux, architectures vénitiennes et musiciens-robots – quelque peu inspirés du travail du japonais Hajime Sorayama. Au fil des années, plusieurs artistes délivreront leurs travaux pour donner une forte identité graphique aux albums. Leurs noms ? Victor Togliani, le duo Enzo Mombrini/Erminia Munari, Marina Romagnoli ou encore le très talentueux britannique Angus McKie.
Gian Piero Reverberi
On associe inévitablement le compositeur Gian Piero Reverberi à Rondò Veneziano. Et c’est bien normal puisqu’il en est le principal fondateur. Mais rares sont ceux qui savent que le compositeur italo-suisse comptabilise déjà quatorze années dans le monde de la musique au moment où le premier album de Rondò arrive dans les bacs.
A partir de 1962, après l’obtention quatre ans plus tôt d’un diplôme de conservatoire piano/composition dans sa ville de naissance (Gênes), il commence à voguer de projets en projets sous de multiples casquettes : arrangeur, chef d’orchestre, auteur, mais aussi producteur, s’occupant ci et là de plusieurs groupes Pop/Rock italiens, dont New Trolls (un groupe de Rock Progressif italien qui ne durera qu’une seule année).
En parallèle, le monde du cinéma sera longtemps exploré par Reverberi qui composera – autant avant et après la naissance de Rondò Veneziano – une multitude de soundtracks pour des films de niche. D’ailleurs, c’est aux côtés de son frère (Gian Franco) qu’il composera la chanson « Nel Cimitero Di Tucson » (en anglais « Last Men Standing ») extraite de la B.O. du film « Django, Prépare Ton Cercueil ! » – dont le thème sera repris trente-huit ans plus tard par Gnarls Barkley dans le morceau « Crazy ».
Enfin, Giano Piero Reverberi est actif dans le monde de la chanson et compose pour de nombreux artistes, dont Pino Donaggio, Fabrizio De André ou encore Eros Ramazotti pour son album « e² ».
Un passage TV hors du temps
Rondò Veneziano, c’est aussi beaucoup de marketing.
Le 17 Mars 1984, en Angleterre, afin de promouvoir « Venice In Peril », quelques musiciens de l’orchestre sont invités dans un jeu télévisé présenté par Ted Rogers : « 3-2-1 », dont le thème de l’épisode est ‘Venise’.
Sur le plateau, les voilà en train de jouer en playback dans un décor vénitien en carton-pâte. Leurs particularités : ils ont des visages de robots et leurs habits tout droits venus de l’Italie du XVIIe siècle. Des habits qui deviendront une véritable signature visuelle et scénique, et participeront à la renommée internationale de Rondò Veneziano.
1981 à 1983 : la première période Baby Records
Rondò Veneziano
1981 / Barclay
FRANCE / 200 144
Artwork :
Victor Togliani
Titre conseillé :
« Colombina »
Un premier album qui sera un véritable OVNI pour son époque. Propulsé en France par Barclay, « Rondò Veneziano » fait une arrivée plutôt réussie dans l’arène si singulière de la PopClassik, grâce notamment à une stratégie commerciale réfléchie durant un an (l’album était prêt depuis l’Hiver 1979). On doit la montée en popularité de cet enregistrement à l’utilisation du morceau « Rondò Veneziano » comme indicatif d’ouverture et de clôture des programmes de la chaîne de télévision italienne Canale 5… mais aussi à la signature de l’ingénieur son allemand Harry Thumann qui, à partir de cet opus, va suivre par intermittence Rondò Veneziano jusqu’en 1988.
La Serenissima
1981 / Baby Records
FRANCE / 827 406-1
Artwork :
Mombrini & Munari
Titre conseillé :
« La Serenissima »
Qui n’a jamais entendu ni même fredonné le morceau « La Serenissima » ? Ce dernier a été maintes et maintes fois diffusé puis étiqueté à la carrière de Rondò Veneziano. On se souvient également du clip animé diffusé à l’époque (notamment sur MTV) et créé par Guido Manuli. On y voyait la plupart des monuments vénitiens remonter à la surface de l’océan et se faire happer par un vaisseau spatial. Une création souvent reliée par erreur au travail de Leiji Matsumoto sur « Interstella 5555 » pour les Daft Punk, qui reste loin d’être similaire.
Scaramucce
1982 / Baby Records
FRANCE / 67952
Artwork :
Mombrini & Munari
Titre conseillé :
« Scaramucce »
L’album double platine de Rondò Veneziano, c’est lui ! C’est en Italie et en Suisse qu’il remportera cette distinction. En France, « Scaramucce » atteindra même la 13ème place du classement. Il faut dire que la tonalité du morceau qui donne le nom à l’album est on ne peut plus inspirée par le style d’Antonio Vivaldi.
Venezia 2000
1983 / Arcade Crown
PAYS-BAS / ADEH 127
Artwork :
Mombrini & Munari
Titre conseillé :
« Sinfonia Per Un Addio »
« Venezia 2000 » est sans nul doute l’album qui fera connaître Rondò Veneziano en Angleterre… mais nos voisins britanniques connaîtront cet album sous le nom de « Venice In Peril ». Ce dernier sera agrémenté d’un visuel différent qui s’inspirera directement de celui travaillé par Mombrini/Munari : cela officialise notamment la première collaboration entre Rondò Veneziano et l’illustrateur britannique Angus McKie.
1984 à 1987 : la seconde période Baby Records
Odissea Veneziana
1984 / Baby Records / ITALIE / BR 56062
Artwork :
Mombrini & Munari
Titre conseillé :
« Bettina »
1984. L’heure est aux sonorités électroniques, et « Odissea Veneziana » est le premier album dans la discographie de Rondò Veneziano à véritablement en bénéficier. C’est aussi la première fois qu’apparaît le logo officiel de l’ensemble (qui sera utilisé jusqu’en 1997). En France, nous connaîtrons cet album sous le nom de « L’Odyssée de Venise ». À l’intérieur, le morceau « Odissea Veneziana » semble s’inspirer de « La Toccata et Fugue en Ré Mineur (BWV 565) » de Jean-Sébastien Bach.
Casanova
1985 / Baby Records
FRANCE / 829 952-1
Artwork :
Angus McKie
Titre conseillé :
« Casanova »
C’est certainement l’album le plus original de Rondò Veneziano. « Casanova » met au banc des accusés le séducteur vénitien Giacomo Casanova face à ses innombrables conquêtes féminines. Ce sixième album de Rondò devient disque de platine en Italie, puis disque d’or en Allemagne. En parallèle, il est accompagné d’un clip plutôt amusant et coloré signé par Guido Manuli. Enfin, la série mexicaine « Cadenas De Amargura » réutilisera en 1991 quelques morceaux de l’album.
Rapsodia Veneziana
1986 / Baby Records
FRANCE / 833 711-1
Artwork :
Enzo Mombrini
Titre conseillé :
« Torcello »
Si s’éloigner du monde électronique était initialement la base du projet Rondò Veneziano, « Rapsodia Veneziana » rassemble tout ce qui avait été évité jusqu’alors. Clairement, cet album est le plus électronique que Gian Piero Reverberi a produit. Musicalement, l’ensemble est définitivement digital. À l’international, l’album se nomme « Fantasia Veneziana » et deviendra disque d’or en Allemagne et en Autriche.
Arabesque
1987 / Baby Records
FRANCE / 837 478-1
Artwork :
Angus McKie
Titre conseillé :
« Arcobaleno »
En pleine ère eighties, Ròndo Veneziano n’oublie pas d’être un groupe ‘marketé’. Comparez la pochette de « Arabesque » et celle de « Raise » de Earth Wind & Fire et vous comprendrez !
1988 à 1991 : la troisième période Baby Records
Concerto
1988 / Baby Records
FRANCE / 841 419-1
Artwork :
Angus McKie
Titre conseillé :
« Controdanze »
« Concerto » est certainement le meilleur album de Rondò Veneziano. À l’intérieur, une pléthore de trouvailles mélodiques et une tracklist très bien pensée. On y trouve la très belle « Sonetto », la stimulante « Seduzione » (à rapprocher du générique de « Stars 90 »), l’entraînante « Splendore Di Venezia » ou encore la magique « Controdanze » qui est un morceau musical holographique combinant trois danses : une Polka dans l’enceinte de droite, un Minuetto dans l’enceinte de gauche, et une Gavotta une fois la stéréo rétablie.
Masquerade
1989 / Baby Records
FRANCE / 847 423-1
Artwork :
Angus McKie
Titre conseillé :
« Accademia »
« Masquerade » débarque dans les bacs en Octobre 1989 et se place en bonne position du classement en France. Du côté de l’Allemagne de l’Ouest, deux autres éditions voient le jour : d’un côté « Armonie » qui se conclut par le morceau « Miniatura » (déjà présent un an avant dans l’album « Concerto »), de l’autre « Visioni Di Venezia » avec la même tracklist dans un ordre différent et intégrant deux inédits : « Segreto » et « Velieri ».
Barocco
1990 / Baby Records
ITALIE / 590 125-1
Artwork :
Angus McKie
Titre conseillé :
« Cattedrali »
« Barocco » intègre la très belle « Cattedrali » qui se pose majestueusement dans cet album paru en Novembre 1990. À l’époque, seuls deux pays bénéficient d’une édition en vinyle : l’Italie et la France. Mais, en France, nous avons préféré l’appeler « Mystère ». « Barocco » signe une nouvelle collaboration fructueuse entre Gian Piero Reverberi et le compositeur Ivano Pavesi.
Prestige
1991 / Baby Records
ITALIE / 590 132-1
Artwork :
Victor Togliani
Titre conseillé :
« Orion »
« Prestige » est l’ultime album de Rondò signé chez Baby Records, un an avant la sortie de leur premier best of officiel (« Rondò 2000 »). Pour la pochette, Victor Togliani (auteur de l’artwork du premier opus) est rappelé pour illustrer le tout. Nous sommes en pleine ère nineties. Ainsi, le morceau qui donne le nom de l’album pourrait faire penser à un titre extrait de l’album « Revolutions » de Jean-Michel Jarre paru trois ans plus tôt. Pour la version internationale, « Prestige » se parera de deux morceaux inédits (« Magica Melodia » et « Incontro ») et réintégrera dans sa tracklist le morceau « Barocco » issu de l’album précédent.
Concerto Futurissimo
1984 / Baby Records
ALLEMAGNE / 207 416-620
Artwork :
Creative & Art Workshop
Titre conseillé :
« Ca’D’Oro »
Même s’il n’a pas été annoncé de la sorte à sa sortie en 1984, « Concerto Futurissimo » est un album-compilation de Rondò Veneziano. Son contenu rassemble ci et là les morceaux des albums « La Serenissima » et « Odissea Veneziana ». Sa pochette est la seule à avoir été conçue par un studio graphique, qui s’est librement inspiré des pochettes de « La Serenissima » et de « Venezia 2000 ». « Concerto Futurissimo » fait suite à la toute première compilation « Notturno In Gondola » publiée en 1981.
Misteriosa Venezia
1987 / Baby Records
ALLEMAGNE / 208 616
Artwork :
Angus McKie
Titre conseillé :
« Porta d’Oriente »
« Misteriosa Venezia » est l’alter ego international de l’album « Arabesque » qui embarque exactement la même tracklist en l’agrémentant de deux morceaux inédits (« Cameo » et « Porta d’Oriente »). Dans les chiffres, c’est précisément cet album qui s’est le mieux vendu dans la carrière de Rondò Veneziano (pas moins de 525 000 copies se sont à la fois écoulées en Allemagne et en Autriche).
Autres éditions
Venise de l’An 2000
1983 / Baby Records
FRANCE / 827 407-1
Artwork :
Mombrini & Munari
Titre conseillé :
« Colombina »
L’Odyssée de Venise
1984 / Baby Records
FRANCE / 827 669-1
Artwork :
Mombrini & Munari
Titre conseillé :
« Cecilia »
Odissea
1985 / Fanfare Records
ANGLETERRE / RON5
Artwork :
Angus McKie
Titre conseillé :
« Tiziano »
Venice In Peril
1988 / Fanfare Records
ANGLETERRE / RON 1
Artwork :
Angus McKie
Titre conseillé :
« Rialto »
Poesia Di Venezia
1988 / Baby Records
ALLEMAGNE / 209 289
Artwork :
Angus McKie
Titre conseillé :
« Splendore Di Venezia »
Visioni Di Venezia
1989 / Baby Records
ALLEMAGNE / 210 213
Artwork :
Angus McKie
Titre conseillé :
« Segreto »
Musica… Fantasia
1990 / Baby Records
ALLEMAGNE / 211 075
Artwork :
Graziano Tinti
Titre conseillé :
« Venezia Notturna »
Magica Melodia
1991 / Baby Records
ALLEMAGNE / 211 971
Artwork :
Mombrini & Munari
Titre conseillé :
« Magica Melodia »
