21 Jan Bien démarrer une collection de vinyles
Il y a un début à tout. Et, aujourd’hui, vous avez décidé de vous lancer dans une collection de disques vinyles. Bonne idée ! En même temps, ce n’est pas moi qui vais vous contredire. Mais voilà… comment ça se passe ? Qu’avez-vous besoin de savoir pour bien collectionner ? Voici quelques pistes qui vont vous aider à y voir clair et bien débuter une aventure vinylistique.
Ça y est, vous vous lancez. C’est décidé, désormais les disques vinyles feront partie de votre environnement musical. Peut-être même avez-vous revendu vos CD pour vous faire un petit pécule dédié au microsillon.
Seule ombre au tableau : vous êtes perdus dans le monde du vinyle. Et comme toute première fois, ça peut faire peur. Rassurez-vous, ce monde ‘plastifié’ ne mord pas. Pour cela, j’ai décidé de vous délivrer tout ce qu’il faut savoir afin de vous éviter quelques mauvaises expériences afin que vous puissiez collectionner en toute quiétude.
LA MUSIQUE
Tout d’abord, le vinyle c’est de la musique avant d’être un support. Ne perdez jamais de vue cette réalité. Cela doit rester un plaisir et ne pas devenir un rémède, sans quoi votre collection aura un jour raison de vous.
Pour une collection équilibrée, il est très important de bien vous connaître. Quels sont les goûts musicaux que vous préférez ? Quels sont les artistes que vous aimez ? Et pourquoi voulez-vous collectionner des vinyles ? Êtes-vous uniquement à la recherche de morceaux bien précis ou, à contrario, d’albums complets qui ont marqué une période précise de votre vie ? Souhaitez-vous découvrir de nouveaux artistes, regarder vers le futur et établir votre collection autour de parutions récentes ? Toutes ces questions auront une importance capitale sur la consolidation de votre future médiathèque vinylistique.
Si vous êtes à la recherche de morceaux précis, optez pour le format 45 tours ou Maxi 45 tours. Ces vinyles sont généralement dédiés à un seul morceau en particulier. Le 45 tours vous offrira souvent une version radio du morceau, alors que le Maxi 45 Tours sera plus expressif et vous offrira des alternatives à ce morceau (par exemple des versions longues, inédites ou remixées).
Si vous êtes à la recherche d’un album complet, c’est bien sûr le 33 Tours qui vous conviendra le mieux. C’est le support le plus répandu sur la marché, vous ne pourrez pas y échapper ! Depuis son invention en 1948, (presque) toute la musique du monde a été déclinée dans ce format.
Si vous êtes à la recherche d’un artiste/groupe en particulier, accrochez-vous bien car vous vous lancez dans une longue, très longue quête qui vous transformera à coup sûr en un Indiana Jones en furie ! Il s’agit là de bien connaître l’artiste que vous convoitez, de connaître les grandes lignes de son histoire, ses différentes périodes, ses participations,… Que ce soit en 45 tours, en Maxi 45 Tours ou en 33 Tours, chaque format pourra rejoindre votre collection. Mais faites attention à bien vous poser des limites.
Enfin, dans la mesure du possible, veillez toujours à écouter – hors support physique – l’album/le morceau que vous avez prévu d’acheter. N’achetez jamais les yeux fermés, cela vous évitera de nombreuses déceptions et vous consolidera une médiathèque uniquement composée de vinyles que vous aimez vraiment.
LE BUDGET
Collectionner des vinyles nécessite que vous prévoyez un budget. C’est une partie que vous ne devez absolument pas négliger dans votre parcours. En effet, votre collection va énormément en dépendre.
Heureusement, la répartition du marché du vinyle étant bien dessinée, il y en a pour toutes les bourses. Dès le départ, c’est à vous de bien choisir votre chemin ; allez-vous opter pour des vinyles d’occasion ? Ou pour des vinyles neufs ?
LE MARCHÉ
Il est nécessaire de bien comprendre le marché de ce que l’on collectionne. Même si, à la base, le vinyle véhicule des émotions, on ne peut malheureusement pas échapper aux dures lois de la finance.
Le vinyle est totalement soumis à la loi de l’offre et de la demande. Un artiste disparaît et c’est tous les vinyles liés à sa discographie qui grimpent. Un groupe n’est plus à l’apogée de sa carrière et le prix de ses vinyles peuvent chuter. Il n’y a aucune règle établie qui ne dure dans le temps, aucune échelle de prix constante, car le monde de la musique est fortement influencé par les tendances, les mouvances, les esprits,…
Certes, il n’est pas rare de constater que depuis que le vinyle a fait son ‘come back’ – bien que je préfère le terme ‘renouvellement’ – sa cotation a subi un sacré bousculement. Il n’est pas rare de croiser des vinyles qui valent aujourd’hui 15 euros alors que, il y a 20 ans, ils pouvaient en valoir 3 euros à peine…
1/ SUR LE MARCHÉ DE L’OCCASION
Évidemment, c’est le marché idéal ! Vous allez y trouver beaucoup de magie, et c’est là où vous allez dénicher les vinyles les plus authentiques qui soient. Qu’ils proviennent des années 60, 70, 80 ou encore 90, ils sont tous chargés d’histoire. Là où c’est encore plus magique, c’est qu’ils vous attendent tous quelque part.
Le marché de l’occasion n’est pas un marché où les prix sont nécessairement bas. Tout dépend quel type de vinyle d’occasion vous recherchez.
Les prix dépendront également de l’état du vinyle.
A/ les vinyles d’occasion standard
Vous ne souhaitez pas dépenser des mille et des cents dans un vinyle et vous n’êtes pas compliqués en terme de musique ? Alors dirigez-vous vers des standards.
J’entends par ‘standards’ les vinyles les plus courants, ceux qui ont bénéficié d’une fabrication en très grand nombre d’exemplaires et que tout collectionneur averti possède depuis longtemps dans ses étagères. Par exemple, un « Thriller » de Michael Jackson ou encore un « Breakfast In America » de Supertramp en font partie. En d’autres termes, ce sont des basiques. Et ces basiques se veulent pécuniairement accessibles.
B/ les vinyles d’occasion dits ‘rares’ et les pressages originaux
Le pressage original est le graal des collectionneurs. Il s’agit de la toute première édition fabriquée en vinyle pour une référence musicale. C’est aussi, historiquement, la gravure la plus proche du master d’origine. Le pressage original n’est pas exclusif au pays d’origine de l’artiste. Enfin, gardez bien à l’esprit qu’un pressage original hérite de ce terme uniquement à partir du moment où il a été réédité (logique, non ?)
Certains pressages n’ont jamais été réédités et, par ce fait, ont tout l’intérêt des collectionneurs. À ce moment là, on peut commencer à parler de rareté en tant que telle.
D’ailleurs, la notion de rareté est très ambivalente ; d’un point de vue purement statistique, c’est un terme qui perd tout son sens à partir du moment où il existe deux exemplaires dans le monde. De nos jours, ce terme est souvent mal utilisé auprès du grand public pour désigner des vinyles que l’on ne croise pas souvent. Veillez à toujours bien faire la distinction entre un vinyle dit ‘rare’ et un pressage original.
Toutefois, j’ai une bonne nouvelle pour vous : ce type de vinyle d’occasion n’est pas aussi difficile à trouver. Dans votre quête, vous aurez besoin de deux compagnons essentiels : un bon portefeuille OU beaucoup de patience.
Certains, plus rusés, utiliseront un vaste réseau pour mettre la main dessus, mais gardez à l’esprit que – à ce moment là – il n’y a plus véritablement de plaisir à collectionner si tout est aussi simple (d’ailleurs, dans ce cas précis, est-ce encore être collectionneur ?)
Ces mêmes vinyles, plus complexes à dénicher, seront aussi plus onéreux. Mais gare aux prix excessifs ! Certains d’entre eux sont vendus à des prix exorbitants, justement parce qu’ils seraient soit-disant ‘rares’. Renseignez-vous bien avant tout achat car le vinyle ‘rare’ est également davantage contrefait afin de mieux vous séduire. L’habit ne fait pas le moine.
2/ SUR LE MARCHÉ DU NEUF
Chaque année, une pléiade de vinyles sont pressés partout dans le monde. A chaque nouvel album d’un artiste/groupe, une version vinyle est – pour la plupart du temps – déclinée.
Le marché du neuf est, de nos jours, assez pernicieux, car les labels aux moyens illimités ont compris comment vous en vendre par paquet de douze. Le marketing autour du disque vinyle neuf n’a jamais été aussi agressif, au point où vous serez peut-être même un jour tenté d’acquérir deux pressages du même album. Pour quelles raisons ? Parce que l’album en question aura été décliné en une version ‘collector’ couleur… (voir ma vidéo dédiée ICI)
Sur le marché du neuf, restez prudent. L’offre est immense et les prix peuvent vite grimper.
3/ SUR LE MARCHÉ DE LA RÉÉDITION (NEUF & OCCASION)
Comme son nom l’indique, une réédition est une nouvelle fabrication et une nouvelle distribution. Les raisons peuvent être multiples, mais la plupart du temps la raison est commerciale.
L’aspect sonore peut totalement varier en fonction du master qui y sera gravé. Sur de nombreux points, une réédition est généralement éloignée des caractéristiques d’un pressage original. Toutefois, d’un point de vue spéculatif, certaines rééditions sont parfois plus chères qu’un original, souvent pour des raisons sonores ou historiques.
La réédition en vinyle d’une référence musicale engendre systématiquement un mouvement du marché et fait sensiblement grimper la cote des pressages originaux.
On les retrouve partout, autant sur le marché de l’occasion que sur le marché du neuf. Certaines rééditions imitent même à la perfection le pressage original, ce qui peut – dans de nombreux cas – être très perturbant dans vos recherches.
Attention tout de même à ne pas toujours succomber aux sirènes des rééditions neuves (dans les bacs des grandes enseignes). Pour un prix bien inférieur, une réédition en occasion s’avère plus authentique et votre portefeuille vous remerciera (tout comme le disquaire indépendant qui vous l’aura vendu).
Enfin, d’un point de vue purement émotionnel, la musique sur un vinyle réédité reste la même (fort heureusement !).
4 / LE MARCHÉ DE L’EXCLUSIVITÉ
Les vinyles exclusifs existent bel et bien, et ont le vent en poupe depuis quelques années maintenant, notamment à cause de tout l’engouement marketing qui les entourent. Ce sont, bien souvent, des vinyles colorés ou spécifiques.
Attention tout de même à ne pas confondre exclusivité avec rareté. De même pour les éditions dites ‘numérotées’ qui ne comportent aucune marque de numérotation gaufrée ou manuscrite, on est alors en droit de se demander si elles sont véritablement limitées ?
Ces vinyles exclusifs sont moins souvent réédités que des vinyles standards, et intéressent surtout une cible de collectionneurs bien précis.
La vraie exclusivité se situe surtout au niveau de la distribution de ces vinyles. Certains sont distribués uniquement dans un seul pays, d’autres appartiennent à une catégorie dite ‘Indie Exclusive’ destinée uniquement à une distribution auprès des disquaires indépendants.
DISQUAIRES, FOIRES & PLACES DE MARCHÉ
Sans disquaires, pas de vinyles. Et sans places de marché, pas d’achats. C’est donc une plaque tournante et, en tant que collectionneur, vous ferez indéniablement bouger le marché.
Pourtant, l’offre des grandes enseignes et celle des disquaires indépendants est loin d’être identique. Une nouvelle fois, à vous de choisir le chemin qui vous convient le mieux. Mais il est évident que si vous bénéficiez de la présence d’un disquaire indépendant dans votre région, je vous encourage à le privilégier !
Un disquaire indépendant pourra vous apporter un conseil personnalisé, mieux vous guider dans vos recherches. C’est tout autant de vinyles d’occasion à trouver dans ses bacs.
Sur internet, tout diffère. Les places de marché (comme Discogs ou encore eBay – d’autres endroits ICI) sont plus appropriées pour aboutir à une référence précise. C’est aussi un terrain plus onéreux, surtout si vos recherches sont axées sur l’étranger, où les frais de port impacteront le prix final.
Enfin, il reste la solution des foires aux disques et autres conventions qui restent des rendez-vous importants pour tous les collectionneurs dans le monde. Le choix y est vaste, les négociations plus usuelles, et le plaisir de chercher dans les bacs multiplié par mille ! N’hésitez jamais à vous y rendre, vous pourriez passer à côté de belles rencontres musicales et humaines.
LE STOCKAGE
Acheter des vinyles nécessite de faire de la place dans votre vie ! Car, comme tout support physique qui se respecte, un espace dédié est conseillé.
De nombreuses solutions existe, de la plus accessible à la plus artisanale. Dans le monde, c’est l’étagère Kallax de chez Ikea qui remporte tous les suffrages. Totalement adaptée pour des vinyles de par ses espaces carrés évidés, elle permet de recevoir pas moins de 70 vinyles par case en moyenne. Facilement montable, elle reste – toujours aujourd’hui – une solution évidente auprès des collectionneurs.
Bien sûr, si vous êtes bricoleur, vous pouvez opter pour une solution plus artisanale en construisant vous-même votre meuble, voire en adaptant votre intérieur à recevoir des vinyles.
Évitez de stocker vos vinyles dans un endroit trop exposé à la lumière du soleil. Par défaut, veillez toujours à préserver vos microsillons préférés d’une source de chaleur importante, tout comme les éloigner de toute forme d’humidité qui les dégraderait à petit feu.
Enfin, ne les compressez pas trop, et espacez les bien. Car après tout, la musique c’est comme la vie : ça se respire (dixit Zégut).