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Le Compact Vinyl : le format du futur ?

Le Compact Vinyl : le format du futur ?

Qui a dit que le vinyle resterait à jamais un vinyle ? Le progrès nous apporte un nouvel habit pour notre galette noire. Un format futuriste, voire avant-gardiste ? Mais – ce qui est sûr – c’est que ce format insolite pourrait bien aider à casser les codes bien établis de la musique dite numérique et clairement réconcilier les fans de CD avec les fans de vinyles. Et, qui sait, rendre à la musique son côté « matériel » ?

Imaginez une seconde que le format 5 pouces du CD rencontre le format 12 pouces du vinyle. Oui, je sais, vous allez me répondre LaserDisc. Vous vous souvenez de ce brevet des années quatre vingt dix qui vous proposait de lire des films au format numérique à partir d’une grande galette géante (qui, accessoirement, pouvait aussi vous servir de miroir) ? Le bouzin était encombrant, pas efficace, et pour qui il fallait – en plus – lui dérouler un tapis rouge en lui offrant un lecteur dédié ! Damnation !

Pourtant, les ingénieurs de ces temps révolus auraient dû concevoir l’inverse : mettre un vinyle sur un format CD ! Les platines CD existent encore (il paraîtrait). Et les platines vinyles reviennent dans nos chambrées. Fort de ce constat, ces peut-être ces mêmes ingénieurs – ayant appris de leur erreur avec le LaserDisc – qui ont développé un nouveau format beaucoup plus prometteur.

Hybride ? Vous avez dit hybride ?

Un mot résume ce dernier : hybride. Hybride ? Oui. Hybride. Mettez du vinyle sur un CD et vous obtiendrez le… Compact Vinyl ! Mais qui a eu cette idée géniale ? C’est une société allemande, répondant au nom de Optimal Media, qui a développé il y a dix ans ce petit support magique. Le nom de baptême de cette innovation : le VinylDisc. En France, c’est MPO (une belle et jeune société de la Mayenne qui presse nos chers vinyles depuis 1957) qui s’est emparée à son tour du concept et l’a baptisé le Compact Vinyl.

Le VinylDisc, une fabrication allemande.

Le hic ?

Alors, comment ça marche ? C’est tout simple. Côté CD, on retrouve les qualités habituelles de ce format numérique (1, 0, 1, 0, je vous fais pas un dessin…) que vous pouvez – bien sûr – lire sur votre platine CD. De l’autre, avec la face vinyle (celle qui nous intéresse le plus), il faudra vous munir d’un petit adaptateur en mousse afin de le faire correspondre avec le centreur de votre platine vinyle.

Si le Compact Vinyl peut contenir les 74 minutes habituelles sur sa face CD, il faudra uniquement vous contenter de trois petites minutes de musique sur sa face vinyle. De plus, le vinyle en question est fabriqué en polycarbonate, un matériau – dérivé du PVC – et totalement différent de celui que l’on croise habituellement sur nos galettes noires. Attention donc à l’usure de votre diamant, car ce matériau – à la longue – s’avère beaucoup plus abrasif. Petit souci également rencontré auprès des possesseurs de platines semi-automatiques ; leur bras automatisé, ayant dépassé son point de non retour, a décroché et n’a pas continué à lire la fin du morceau…

Une face vinyle, une face CD : un format hybride.

Un support promo efficace

Chez MPO, on voit plutôt le Compact Vinyl comme un merveilleux support promotionnel au service des artistes. En France, c’est le groupe Justice qui a lancé en Novembre 2016 une version promotionnelle de son titre « Woman » au format Compact Vinyl. Comptez aujourd’hui une centaine d’euros pour avoir ce petit bijou dans votre collection.

Parmi les artistes qui ont expérimenté ce support hybride, on compte le groupe Paramore pour leur single « Misery Business » en 2007, mais aussi le français Wax Tailor pour son single « Say Yes » en 2009, ou encore le grand Jeff Mills pour son album « The Occurence » en 2010. Aujourd’hui, pas moins d’une centaine de Compact Vinyl sont déjà répertoriés à travers le monde. Un marché de niche, face à son aîné éternel qu’est le vinyle.

Le Compact Vinyl de Justice publié en 2016.

La dématérialisation de la musique – et l’engouement dont elle fait preuve à travers le monde – nous a fait perdre le goût de l’objet. Avoir de la musique « en main » est, de nos jours, un vrai trésor. Voilà certainement pourquoi – d’une certaine manière – nous chérissons tant nos galettes rondes. Pour ma part, je trouve que ce format hybride va dans le bon sens. Et si il se vulgarisait ? Après tout, cela pourrait redonner un nouveau coup de pouce au vinyle afin de contrer son ennemi juré qu’est le format numérique. Même si nos microsillons ne se portent pas si mal à notre époque, le Compact Vinyl n’est jamais qu’une énième ode à leur propre innovation longue de près de soixante-dix ans.

Et vous ? Vous en pensez quoi du Compact Vinyl ?

Wax Tailor expérimente le VinylDisc en 2009.