26 Sep Music Non Stop 📀 un heureux disquaire à Strasbourg
Un disquaire qui naît est toujours une excellente nouvelle et le synonyme d’une réussite. Je rends aujourd’hui visite à ‘Music Non Stop’, une modeste échoppe alsacienne de 22 m² composée de 90% de vinyles qui a ouvert ses portes le 1er Septembre 2021. Un endroit passionnant tenu par un passionné qui a effectué un virage professionnel pour se consacrer à ce qu’il aime le plus : la musique et le microsillon. J’ai échangé avec lui autour du support, de l’actualité vinylistique, et – bien sûr – de son magasin strasbourgeois qui reçoit chaque jour des amateurs éclairés et, souvent, des jeunes collectionneurs..
Monsieur Vinyl : Bonjour François !
François : Bonjour Monsieur Vinyl ! Je suis ravi de t’accueillir dans ma modeste échoppe !
M.V. : Tu viens tout juste d’ouvrir ton commerce en tant que disquaire à Strasbourg. C’est quoi ‘Music Non Stop’ ?
F. : Effectivement, au moment où on se rencontre, j’entame ma troisième semaine pleine ; j’ai ouvert ‘Music Non Stop’ le 1er Septembre 2021. Et c’est bien au-delà de mes espérances, ça me fait chaud au cœur. Il y a beaucoup de gens qui viennent en boutique, dont beaucoup de jeunes. Tous cherchent des références différentes. Étant généraliste, j’essaie d’amener de la diversité dans les bacs. Je ne suis pas un disquaire spécialisé Metal, ou encore un disquaire spécialisé Reggae,… mais j’ai tout ça en magasin, et je reste généraliste.
M.V. : Qu’est-ce qu’on trouve chez ‘Music Non Stop’ ?
F. : On peut y trouver beaucoup de 33 tours, mais aussi un choix important de 45 tours, à des petits prix. Chez moi, les tarifs débutent à 3 €, donc on peut largement se faire plaisir à pas cher. On peut aussi y trouver des tubes mondialement connus ; si vous voulez « Beat It » de Michael Jackson, vous pourrez le trouver également à 3 € (et non à 50 € !). Il y a aussi un peu de CD ; à ce niveau, je privilégie des versions « collector » plus difficiles à trouver, mais aussi beaucoup de maxis. D’ailleurs, j’ai en vitrine le CD de la B.O. de « Tchao Pantin » par CharlElie Couture ; facile à trouver en vinyle, mais beaucoup moins facile à dénicher en CD. Et puis, enfin, il y a des DVD musicaux, des VHS ou encore des livres sur la musique.
M.V. : Où est-ce que se situe « Music Non Stop » ?
F. : Je suis à 25 mètres du Musée Alsacien qui est une sommité ici. Il y a beaucoup de touristes qui viennent y faire un tour. ‘Music Non Stop » se situe sur les quais, en face d’un très beau bâtiment qui se nomme l’Ancienne Douane, au numéro 19 Quai Saint-Nicolas à Strasbourg.
M.V. : Ton magasin a des horaires incroyables…
F. : Oui, en ce moment j’ai des horaires assez larges, du Lundi au Samedi, de 9h à 19h sans interruption. Je vais maintenir ce rythme effréné durant les quatre prochains mois, au moins jusqu’à la fin d’année 2021. J’envisage aussi d’ouvrir les dimanches durant le mois de Décembre, puisque c’est le gros mois des cadeaux, et j’imagine que le vinyle peut être un très beau cadeau de Noël. Puis, à partir du 1er Janvier 2022, je modifierais les horaires. Je tiendrais au courant la clientèle à ce moment-là.
M.V. : ‘Music Non Stop’… est-ce que ce nom ne serait-il pas un hommage au groupe Kraftwerk ?
F. : Haha, oui ! On ne peut rien te cacher effectivement ! À cette fameuse question « êtes-vous plutôt Rolling Stones ou plutôt Beatles ? », je réponds toujours « je suis Kraftwerk ! ». J’ai commencé à découvrir la musique avec ce groupe allemand, pionnier dans l’électro. Cela m’a ouvert les chakras sur la musique électronique des années 90-2000. Je suis d’ailleurs un gros consommateur de musique électronique moderne. Mais Kraftwerk, ça reste toute ma jeunesse ! D’ailleurs, mon premier achat musical était une cassette audio de « Trans-Europe Express ».
M.V. : Quel est le type de clients que tu reçois dans ta boutique ?
F. : Il y a énormément de jeunes, et puis aussi beaucoup de touristes puisque je suis plutôt bien placé par rapport à la cathédrale et au centre historique de Strasbourg, cette magnifique ville où je suis né et que j’adore. Aujourd’hui, 45% des gens qui achètent du vinyle ont entre 20 et 35 ans, et ça se confirme. Je suis d’ailleurs surpris, car ils viennent avec une énorme culture musicale. Internet leur a fait beaucoup de bien. La dernière fois, un jeune de 14 ans est reparti de la boutique avec l’album « Aqualung » de Jethro Tull sous le bras. C’est génial, car je m’attendais vraiment à son âge qu’il reparte plutôt avec un album de rap français autotuné.
M.V. : Est-ce que tu penses que se rendre chez son disquaire est plus avantageux que d’acheter sur internet ?
F. : Je ne suis pas dans l’antagonisme, je pense que ça peut se compléter. Venez voir les disquaires, et vous aurez de belles surprises. Chez moi, on peut trouver des disques de 10 à 15 € (c’est mon prix moyen en magasin, hors grosses pièces). Ce qui est certain, c’est que ce que vous verrez, c’est ce que vous achèterez. Globalement, en boutique, vous avez le contact, l’échange avec le gérant. Pour ma part, je suis passionné, et accessoirement un gros collectionneur ; d’ailleurs, je suis l’activité de ta chaîne depuis longtemps. J’y trouve des choses très sympas dessus. En tous les cas, j’imagine assez mal pouvoir faire ce métier sans être un passionné de musique.
M.V. : Tu envisages de te mettre au Click & Collect ?
F. : Sans doute. Il faut dire que je suis seul à tenir la boutique. Pour le moment, l’une de mes « missions » principales est de trouver constamment des nouveautés et du nouveau matériel pour que les gens qui viennent souvent fouiller dans les bacs aient toujours quelque chose qui leur plaise. Lorsque je vais à la rencontre des vendeurs, lorsque j’achète des lots, etc… cela prend beaucoup de temps. C’est pour cette raison que, en 2022, je modifierais les horaires du magasin pour me libérer du temps. Cela me permettra de rechercher des disques que je pourrais ensuite proposer à mes clients.
M.V. : En tant que disquaire (et collectionneur), comment perçois-tu le futur du support vinyle ?
F. : Je me suis déjà posé cette question ! J’ai 59 ans, donc il est évident que si j’avais 30 ans aujourd’hui, la question se poserait fortement. La première chose qui me rassure, c’est que beaucoup de jeunes se mettent au support vinyle. Je considère que ce n’est pas un effet de mode. La deuxième, c’est que de plus en plus de constructeurs proposent à nouveau des platines. Il y a donc un regain à ce niveau, mais aussi intrinsèquement un regain au niveau des pressages, car de nos jours, et dans le monde entier, il y a de nouvelles usines de pressages qui réouvrent. Je pense qu’il va falloir suivre de manière très attentive la politique des majors sur le neuf. Pour ma part, je ne fais quasiment que de l’occasion (vous trouverez chez moi quelques pièces neuves lorsque j’ai la possibilité d’en acheter). Toutefois, c’est vrai que les prix exercés sur le marché du neuf m’inquiètent beaucoup. Augmenter l’album « Dure Limite » de Telephone de 20 € à 50 €, c’est vraiment à se demander si le jeune public continuera à acheter du vinyle neuf…
M.V. : Surtout lorsqu’on sait que le vinyle vit une ère de renouvellement, et non un ‘retour’…
F. : Oui, tout à fait, c’est un renouvellement. Les jeunes découvrent aussi des références à travers les connaissances de leurs parents. Il y a là une espèce de transmission qui est assez sympa, un côté intergénérationnel qui convient plutôt bien à la passion du support vinyle. C’est cool et rassurant. Bien sûr, les jeunes écoutent évidemment leur Rock subversif, comme notre génération le faisait à son époque, mais ils écoutent aussi de la musique urbaine, puisque c’est leur monde à eux et que fatalement ils ne sont pas directement exposés à la musique de leurs parents… mais c’est contradictoire car, malgré tout, ils ne peuvent pas passer à côté non plus ! C’est ça qui est bien.
M.V. : Merci François de m’avoir accueilli dans ta boutique !
F. : Merci à toi d’avoir pris le temps de venir découvrir ma boutique. Bye bye !
Lien à faire tourner…
📍 Pour rendre visite à MUSIC NON STOP :
19 Quai Saint-Nicolas / 67000 STRASBOURG