01 Avr Rencontre avec Valentin : « faire revivre l’ancien »
Du haut de ses 30 ans, Valentin a une passion : le support physique. La cassette audio, le Mini-Disc, ainsi que tous les appareils d’écoute des eighties et nineties ont peu de secrets pour lui. Pourtant, il y a 10 ans, Valentin ne jurait que par les plateformes de streaming et la musique dématérialisée. Rencontre avec un amoureux du son et de la technologie d’hier.
Monsieur Vinyl : Bonjour Valentin !
Valentin : Bonjour Monsieur Vinyl !
M.V. : Tu es resté longtemps hermétique au support physique. Pourquoi ?
V : Pour être franc, moi-même j’ai pas la réponse ! Pendant longtemps, j’étais axé sur l’écoute (la radio, le streaming,…). L’attirance vers le physique a été comme un glissement. J’ai acheté quelques CD, quelques autres supports en brocante, puis tout doucement je me suis dirigé vers les baladeurs que je me suis mis à collectionner. Ça c’est vraiment fait sur le sur le long terme.
M.V. : Quel a été ton déclic ?
V : Le déclic s’est surtout opéré lorsque j’ai voulu procéder à un changement dans mon approche sonore. Lorsque j’écoutais la radio ou des morceaux en streaming, je trouvais que ça manquait d’âme. Ce supplément d’âme je l’ai trouvée dans le support physique.
M.V. : Pour des personnes qui ne jurent que par le streaming, qu’est-ce que tu leur dirais pour qu’ils transitent vers le support physique ?
V : C’est compliqué, parce que chacun argumente à sa façon et a son approche de la question. Personnellement, ce qui m’a attiré c’est l’amour de l’objet, et faire revivre cette passion qui s’est perdue au fil du temps, au fil des décennies, depuis que le dématérialisé s’est démocratisé. Faire revivre l’ancien est vraiment une conviction personnelle.
M.V. : Ancien ? Ou actuel ?
V : Je dirais qu’il y a autant d’avantages d’un côté comme un autre. Par exemple, une collection de vinyles c’est super pour le côté ‘cocooning’. Mais il faut bien admettre qu’avec le disque vinyle, il y a certaines problématiques qui se posent, notamment au niveau des écoutes nomades, avec le sans fil. Dans le cas où on est au bureau, au travail, ou au sport, il est devenu naturel de se diriger vers les plateformes d’écoute, notamment grâce au Blutooth, en utilisant des écouteurs ou des casques.
M.V. : Et au niveau sonore, tu sens une différence ?
V : Oui, c’est pas pareil, le streaming et le support physique ce n’est vraiment pas la même chose. Pour ce qui est du vinyle, après des années à en écouter, on constate une chaleur, un grain, une atmosphère que l’on ne retrouve pas avec le streaming. Il y a 10 ans, je tenais une discours totalement inverse. Aujourd’hui, même le son d’un CD face à un disque vinyle délivre un son assez froid et clinique.
M.V. : Désormais, tu suis l’actualité du vinyle ?
V : Oui, je continue à acheter des vinyles. Avec cet engouement, il y a aussi une certaine spéculation sur le support. A cela se rajoute l’inflation. Entre ce que l’on nous annonce sur les places de marché et ce qui est affiché réellement chez les disquaires, je trouve que c’est dérisoire ; il existe quand même des écarts de prix assez importants.
M.V. : Et la cassette audio est arrivée dans ta vie…
V : Oui, je me suis mis à la cassette audio il y a environ 5 ou 6 ans. Le baladeur, c’est quelque chose qui remonte à mon enfance. D’ailleurs, quand j’étais enfant, j’avais un baladeur ‘My First Sony’. J’ai écouté mes premières cassettes de comptines avec. Malheureusement, il s’est cassé et il s’est perdu durant mes déménagements. Mais cette idée est toujours restée dans un coin de ma tête en me disant qu’un jour, quand j’aurais les moyens de m’en procurer un autre, je le ferai. Donc, il y a une dizaine d’années environ, j’ai vraiment commencé à me plonger dans l’univers de la cassette audio. C’est un domaine immense avec beaucoup de références, que ce soit les cassettes vierges, les marques, les tarifs,…. Pendant ces dix dernières années, j’ai étudié tout ça et je me suis beaucoup renseigné sur le monde de l’audio. Je suis un passionné d’écoute et d’audiophilie. Je m’intéresse aux différentes techniques sonores que l’on peut utiliser.
M.V. : Qu’est-ce qui te plaît avec la cassette audio ?
V : Le minimalisme. Ce qui me fascine c’est que l’on puisse avoir un concentré de technologie dans un petit objet. Et malgré ses aspérités, elle dégage quand même une chaleur particulière que l’on ne retrouvera jamais avec le streaming.
M.V. : Tu évoques le baladeur. Quels sont les modèles que tu possèdes aujourd’hui dans ta collection ?
V : J’en ai pas mal, notamment les premiers qui ont été commercialisés. Mon graal est le Sony Walkman TPS-L2 qui est sorti en 1979. C’est le tout premier baladeur de l’histoire. Actuellement, il est en cours de réparation. J’ai la boîte ainsi que tous les accessoires d’origine. Lorsqu’on jette un œil à son mécanisme, c’était déjà une belle avancée technologique pour l’époque, tant sur le plan électronique qu’au niveau de sa structure en métal. Il avait des fonctions incroyables. Par exemple, on pouvait écouter une cassette à deux, grâce à la connectique ‘headphone A’ et ‘headphone B’. Il y a aussi une petit bouton orange qui permettait de couper la musique et de pouvoir converser via le micro avec notre compagnon d’écoute.
M.V. : Et où trouves-tu tous ces baladeurs ?
V : La première solution, c’est le fameux vide grenier traditionnel pour lequel il faut se lever tôt le matin pour tenter de dénicher la perle rare. Mais il faut surtout fouiner, parce que la plupart de mes modèles que j’ai trouvés étaient cachés dans des cartons. Il a fallu aussi converser avec les vendeurs. Il faut vraiment être passionné pour avancer dans cette direction.
M.V. : Au fiual, tu t’es immergé dans l’univers du support physique…
V : Oui, je me suis intéressé à toutes les technologies nomades. À l’époque, on ne s’en rendait pas vraiment compte ; les gens possédaient des baladeurs, puis des Discman, c’était leurs moyens d’écoute. C’est un petit peu comme si, 30 ans après leur commercialisation, on remettait les premiers iPods sur le devant de la scène, en se disant « ah ouais, il y a eu le premier iPod, et c’est fabuleux qu’on puisse en revenir là ».
M.V. : Tu as pensé ouvrir une chaîne YouTube pour partager ta passion du support physique ?
V : Ce serait effectivement un projet à mettre en place, notamment pour mettre mes connaissances au service des autres et partager avec une communauté amoureuse du domaine analogique. On parle souvent du disque, mais on oublie les autres formats. Le Mini-Disc est également en retrait par rapport à tout ça. Donc, oui, effectivement, ce serait une bonne idée.